Vous avez probablement déjà lu cette histoire dans un email du Club Positif, où l’on parle de bienveillance, c’est une de celles qui génère le plus de retours :
Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute opinion de la sagesse. Quelqu’un vient un jour trouver le grand philosophe et lui dit :
« Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami?
- Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j’aimerais te faire passer un test, celui des 3 passoires :
-
Les 3 passoires?
Mais oui, reprit Socrate. Avant de me raconter toutes sortes de choses de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire.
C’est ce que j’appelle le test des 3 passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai?
Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?
- Ah non ! Au contraire.
-
Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es même pas certain si elles sont vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l’utilité. Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?
-
Non. Pas vraiment.
Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ? »
Le propos aujourd’hui est de parler de bienveillance, « la disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui » d’après Wikipedia, cette qualité de notre pensée que l’on retrouve dans le confusianisme, le christianisme, l’islam, le boudhisme.
Cette idée est souvent rattachée à l’éducation ou au management, et malheureusement au politique. Mais cette idée de bienveillance va aussi avec nous-même est avec tous ceux que nous rencontrons dans notre environnement personnel, et sur internet.
Dans nos propres actions et nos discours, utilisons des faits, pas des jugements.
Bienveillance et leadership/management
La bienveillance implique deux choses : l’interdépendance et le lien affectif avec les autres personnes. Elle permet de sortir de la bulle de l’égo. Mes aspirations ont de la valeur, celles des personnes avec lesquelles je travaille aussi. Et ensemble nous nous appuyons les uns sur les autres pour aller dans la même direction.
La bienveillance permet la confiance nécessaire entre des personnes qui doivent travailler, échanger, et coopérer.
Que faire avec des personnes difficiles ?
En dépit de mes bons sentiments, ils sont difficiles à supporter. On ne peut pas adhérer à l’objectif de personnes aussi toxiques, et souhaiter que ces personnes guérissent de leurs défauts, par contagion de notre bienveillance.
Cette bienveillance permet de nous détacher et de nous rendre compte de la nocivité de son égoïsme, afin de nous en protéger.
Entraînez votre esprit
Toutes nos capacités sont des capacités que nous avons acquises : lorsque nous sommes nés, nous ne savions ni lire, ni compter, ni même parler. Nous ne pouvions pas résoudre des problèmes mathématiques ou logiques. Pourtant, pour la plupart, nous avons acquis ces capacités sans effort réel, par la force de l’habitude et la puissance de l’entraînement de notre esprit. Pour les autres il faut remplacer la force de l’habitude par la patience et la longueur de temps, mais nous pouvons tous y arriver.
Développer votre bienveillance est aussi un exercice d’entraînement.
Vous ne pouvez pas imaginer lire un livre sur le fait de jouer un piano, le connaître par cœur même, et vous mettre à jouer du piano comme Glenn Gould (je sais , mes références datent un peu). De la même manière, vous ne devriez pas imaginer pouvoir être bienveillant du jour au lendemain.
Jour après jour, nous devons construire notre personnalité et améliorer celle-ci, nous devons transformer des capacités que nous avons dans leur état latent en des qualités qui nous rendent meilleurs, pour les autres et pour nous même.
Je me regarde avec bienveillance et je peux ainsi pourchasser ma solitude sans répit.
Maxwell Maltz
Méfiez-vous de l’altruisme
Pour ma part, je reste assez détaché des choses et je me méfie de l’altruisme, sans tomber non plus dans l’égoïsme. Les recherches de la psychologie et des neurosciences, notamment les travaux de Daniel Batson ont montré que l’altruisme, le fait de se mettre à la place des autres et de développer de manière dévoyée votre empathie pouvait vous amener à ressentir vous-même une souffrance psychologique ou sociale.
La zone émotionnelle du cerveau est plastique. Elle n’est pas figée mais a une certaine manière d’évoluer, de faire grandir les zones nérologiques qui sont les plus bénéfiques.
Le politique n’est pas bienveillant
Un domaine qui n’est pas du tout touché par la bienveillance, bien qu’il s’en réclame, est le domaine politique. N’allez pas naviguer dans les commentaires sur les articles parlant de politique si vous voulez trouver des exemples de bienveillance. Celle-ci se retrouvera d’ailleurs généralement absente des faits d’actualité, plus vendeurs quand ils évoquent la peur, le chômage, la détresse.
En fait c’est terriblement pernicieux, car sous prétexte de bienveillance, ces discours montrent en fait d’autres choses et dévoient donc le sens même du mot bienveillance.
La méfiance envers autrui est devenue un sentiment dominant. N’écoutez pas les politiques qui évoquent leur bienveillance, ils vous mentent. Le vivre-ensemble se construit dans sa sphère personnelle, pas dans la sphère sociale, même si l’on pourrait souhaiter plus de bienveillance réelle dans la société et la politique. Mais celle-ci implique aussi le compromis, ce qui n’est pas du ressort du politique.
Il faut malheureusement apprendre à naviguer entre la fausse bienveillance dont on parle, et celle, véritable, qui vous rendra agréable et intéressant à suivre.
« Vis-à-vis des autres, je me conduis avec bienveillance. »
Pour aller plus loin :
Retrouvez un programme gratuit de bienveillance pour soi sur https://bienveillance.co
Retrouvez une vidéo de Matthieu Ricard sur l’altruisme ici.
et son Plaidoyer pour l’altruisme : La force de la bienveillance – Matthieu Ricard