Gilles est mon alter ego professionnel. Ou plutôt devrai-je dire, mon contraire.
Il est vif, agité, très énergique.
Son cerveau est un volcan d’idées en perpétuelle activité. Il est brillant et je l’envie pour ces facilités à créer des campagnes de pubs qui font souvent mouche.
Quand il m’a proposé de racheter l’entreprise dont nous étions salariés, à notre propre patron, j’ai hésité.
Puis j’ai refusé. Plutôt qu’une association risquée, je préférais
conserver notre amitié.
Gilles a été jusqu’au bout de son projet. Moi, j’ai préféré travailler
comme indépendant. En trois ans, Gilles a doublé le chiffre d’affaire de l’entreprise. J’étais content pour lui… mais aussi un peu jaloux. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que j’avais laissé passer une belle opportunité de carrière.
Sur le plan professionnel, Gilles volait de réussites en gros coups ! Sur le plan personnel, c’était moins brillant : sa femme, qui ne le voyait jamais, a fini par le quitter. Sa fille, dont il a de plus en plus de mal à s’occuper, ne lui parle plus…
Il y a un an, Gilles m’a à nouveau demandé de le rejoindre à la tête de
l’entreprise. J’ai encore refusé : je gagne assez bien ma vie et je préfère conserver du temps libre pour ma famille, qui me réclame.
Gilles a fini par attraper des ulcères à force de mal manger et d’être
toujours pressé. Son emploi du temps est beaucoup trop chargé et mon ami est sans cesse en retard à ses rendez-vous.
Je travaille chez moi. C’est parfois difficile de s’enfermer dans son bureau sans voir personne, mais je suis organisé et je prends des pauses quand j’en ai besoin.
Quand Gilles s’octroie des vacances, il part très loin à l’étranger. Quand il revient, il est épuisé parce qu’il a voulu rattraper le temps perdu et consommer un maximum de loisirs en un minimum de jours.
Ma femme et moi avons acheté un petit chalet à la montagne. On part moins à l’étranger, mais on fait quelques pauses de long week-end dans l’année avec les enfants, pour décompresser.
Hier, Gilles m’a téléphoné. Finalement, il vend son entreprise. Il m’a demandé si je voulais l’embaucher.
Je vais y réfléchir…
Nous connaissons tous, dans notre entourage, un personnage qui ressemble à Gilles… A moins que nous soyons nous-mêmes ce Gilles : toujours pressé, toujours stressé.
La maîtrise de sa vie professionnelle est une force, mais la maîtrise de soi
est une force supérieure. La recherche de la maîtrise de nos émotions, de nos pensées, de notre temps est l’oeuvre de toute une vie.
Plutôt qu’un « plan de carrière » qui prend toute la place dans votre vie, pensez à élaborer un « plan de vie » qui fait une place à votre carrière.
« Celui qui est le maître de lui même est plus grand que celui qui est maître
du monde. »
Bouddha