Le danger de la procrastination

La procrastination, c’est le fait de reporter au lendemain les choses que l’on pourrait ou devrait faire le jour même.

Cette habitude de procrastination n’est bien évidemment pas nouvelle, mais est de plus en plus dans l’air du temps depuis les années 80. D’ailleurs, même s’il est de plus en plus utilisé, ce mot compliqué à 5 syllabes reste assez éloigné du langage courant, celui que l’on utilise à la maison ou pendant son éducation.

C’en est au point qu’une journée mondiale de la procrastination a été créée en 2015 (le 23 mars de chaque année). J’ai donc énormément procrastiné avant d’écrire cet article sur le sujet, au point de rater l’échéance 😉

Qu’est-ce que la véritable procrastination ? Est-ce le fait de se dire « Je ferai cela demain » ?

Non, c’est beaucoup plus pernicieux.

Le piège de la gratification immédiate

J’aime beaucoup l’article de Tim Urban (en anglais seulement, disponible sur [son site WaitButWhy]), et les dessins avec le petit singe de la gratification instantanée qui prend le contrôle de ce que fait une personne. Car il explique en images ce qui se passe vraiment dans notre cerveau quand nous procrastinons :

Au lieu de prendre une décision rationnelle (je ferai cela à tel moment), nous dérivons, nous allons dans un état second, celui de la gratification immédiate, qui nous fait dévier de notre objectif initial.

Le problème de la gratification instantanée est-il un problème plus présent aujourd’hui ? C’est en tout cas mon opinion : nous voulons tout maintenant, et nous préférons vivre dans un monde de gratification instantanée ou toutes nos pulsions doivent avoir une satisfaction immédiate.

Le problème, c’est comme avec les drogues : satisfaire une pulsion instantanée ne fait pas disparaître le fait que l’on a des pulsions, au contraire cela les renforce. Nous sommes de plus en plus prêts à satisfaire ses pulsions rapidement pour avoir le « hit » de ladite pulsion, mais nous nourrissons en même temps notre culpabilité, et nous ne nous protégeons pas contre les pulsions futures.

En suivant notre petit singe de la gratification instantanée une fois, nous lui donnons l’habitude de devenir le Maître.

Quand cette habitude s’installe, elle s’installe pour de bon comme la plupart des habitudes. Et il devient de plus en plus dur de la combattre. Au point que nous pouvons nous retrouver dans un cercle vicieux de procrastination.

 

À quel moment arrête-t-on de procrastiner ?

Il y a des moments où la procrastination doit s’arrêter : par exemple j’ai passé 2 semaines à me dire qu’il faudrait que je ressorte la carte grise de ma voiture, car je la revendais, et bon, c’est quand même bien d’avoir la carte grise pour la barrer et la donner à l’acheteur.

Mais il fallait que je me lève, et il y avait certainement quelque chose de plus intéressant à lire sur Facebook, sur Twitter, un petit truc à faire ici ou là.

Résultat des courses : la veille du rendez-vous, je me suis mis en mode panique pour retrouver les papiers de ma voiture. Et encore plus en mode panique quand j’ai réalisé qu’ils n’étaient pas à l’endroit où ils sont censés être.

4 heures. Il m’a fallu 4 heures pour les retrouver. Et je peux vous dire que j’ai culpabilisé pendant ces 4 heures. Sur mes méthodes de rangement, sur le fait de ne pas m’en être préoccupé avant, sur ma paresse, ma flemme, non, ma procrastination…

Mon exemple est commun : le nombre de fois où l’on doit faire quelque chose, mais on se laisse aller à des gratifications plus immédiates, plus rapides, mais pas forcément aussi complètes. Et au dernier moment… la panique, les choses à faire rapidement, les révisions de dernière minute quand on était étudiant, le rapport torché de 22h à 2h du matin quand on doit le remettre le lendemain à son responsable…

Ça vous dit quelque chose ?

Reporter au lendemain = reporter à jamais

Un autre effet de cette procrastination, c’est qu’il devient de plus en plus difficile d’agir à moyen et long terme.

À partir du moment où on a pris ces mauvaises habitudes de satisfaire la gratification immédiate et de réagir au dernier moment, on rétrécit son champ de vision, on ne planifie plus, on arrête d’agir à long terme.

Nous arrivons alors dans la tyrannie du présent.

Attention, je n’utilise pas ce terme en disant qu’il ne faut pas profiter de l’instant présent. De la même manière qu’il ne faut pas toujours se projeter dans l’avenir.  Il faut avoir la vue sur l’un et sur l’autre. Goûter le plaisir d’un pamplemousse acidulé ou d’un kumquat parfaitement mûr, mais penser à tailler les branches de l’arbre pour que l’année suivante les pamplemousses ne cassent pas ces branches.

La tyrannie du présent, c’est être uniquement en mode action/réaction. Comme si vous portiez des lunettes qui rétrécissaient votre champ de vision en largeur mais aussi en profondeur.

Il y a aussi la tyrannie de la planification, des listes de choses à faire, des to-do lists. Dans le [Journal du Succès], j’ai mis quelques pages de To-do lists, mais pas plus de 4, car je ne veux pas que l’usage de la to-do list, cette liste de chose à faire, devienne une habitude qui crée un nouveau problème alors qu’elle doit apporter une solution.

Car planifier, vivre dans son cerveau les choses que l’on doit faire, les choses que l’on va faire, c’est un bon moyen de ne pas les faire, tout en ayant à nouveau une gratification : « Je n’ai encore rien fait, mais je sais maintenant comment je pourrai faire si je devais le faire … ce qui n’est en fait pas le but de ma liste ».

Seule l’action réelle vous permet d’accomplir le changement, le projet, la réalisation des rêves qui vous tiennent à cœur.

Reste que le fait de prévoir des étapes, un chemin pour accomplir ce que vous devez faire permet de réveiller votre volonté d’atteindre une étape à un moment donné.

Il faut prendre des engagements dans le temps avec nous-mêmes pour combattre le danger de la gratification immédiate et du manque d’action. Car il est bien trop facile de tomber dans ces travers, pour se lamenter après quand on se rend compte qu’on n’a rien accompli (avec les aspects négatifs que cela a en plus sur notre estime de soi).

Ne plus procrastiner, jour après jour

C’est en analysant tous ces travers qui nous attendent sur notre chemin, tous ces obstacles qui n’attendent qu’à bloquer notre route, toutes ces mauvaises habitudes qu’il faut remplacer par de bonnes habitudes que j’ai conçu le journal du succès :

  • prendre en compte ses objectifs à court et moyen terme plutôt que seulement ceux à très court terme

  • créer une réelle gratification pour la réalisation des objectifs, une gratification plus réelle et plus importante que celle instantanée qui nous menace chaque jour.

  • préciser chaque semaine les objectifs de la semaine pour savoir où l’on doit aller, et en même temps avoir des échéances à respecter

  • trouver une motivation dans la gratification plus consistante qui consiste à accomplir ce que l’on veut accomplir (au lieu de se laisser mener par le bout du nez).

évitez la procrastination

Le danger de la procrastination, c’est la drogue de la procrastination. Comme toute dépendance, s’en débarrasser passe par le fait de progresser pas à pas, jour après jour pour lui poser des pièges, la combattre, et enfin la vaincre.

Pour que vous puissiez aussi travailler sur la procrastination, je vous invite à réfléchir aux moments, aux tâches, aux objectifs face auxquels vous avez tendance à procrastiner, ou aux échéances plus importantes que vous n’avez pas réussi à assumer.

Qu’est-ce qui vous a permis de dépasser cette limite ?

Comment gérez-vous au jour le jour cette tendance à procrastiner et faites-vous des progrès, ou est-ce une tâche quotidienne ?